(7) L'emploi du mot "manga" au féminin :

Mon apprentissage de la manga est différent de celui des fans français : la manga ne m'a pas amené au Japon, c'est le Japon qui m'a conduit vers elle. Voilà pourquoi j'emploie le mot "manga" au féminin, comme beaucoup de ceux qui ont connu le Japon, la langue japonaise, les Japonais et la manga en version originale, avant de s'intéresser aux publications accessibles ou traduites en Occident.

Les noms communs japonais n'ont pas de genre, et il faut leur en choisir un quand ils arrivent dans la langue française. Une règle veut que l'on penche vers le masculin ("un" tsunami, "un" samurai, etc.), mais on féminise souvent ce qui peut l'être ("une" geisha...).

La première apparition connue en France du mot "manga" remonte à la fin du XIXe siècle, et le mot était au féminin. Il s'agissait de la publication des carnets de croquis Hokusai Manga, qui furent baptisés par l'écrivain Edmond de Goncourt la Manga de Hokusaï.

Edmond de Goncourt, Hokusaï, l'Art japonais au XVIIIe siècle, Paris, 1895, rééd. Orient 1984 :
« La manga, cette profusion d'images, cette avalanche de dessins, cette débauche de crayonnages, ces quinze cahiers où les croquis se pressent sur les feuillets comme les œufs de la ponte des vers à soie sur une feuille de papier, une œuvre qui n'a de pareille chez aucun peintre de l'Occident !
La
manga, ces milliers de reproductions fièvreuses de ce qui est sur la terre, dans le ciel, sous l'eau, ces magiques instantanés de l'action, du mouvement, de la vie remuante de l'humanité et de l'animalité, enfin, cette espèce de délire sur le papier du grand fou de là-bas ! »

Aujourd'hui, le mot "manga" est largement employé au masculin, une généralisation qui remonte à 1993, quand le terme a véritablement débarqué dans les médias avec les premiers journaux consacrés au genre et surtout les émissions télévisées "pour jeunes".

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